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Guy Jacquemelle

dimanche 2 décembre 2012

Sonia Wieder Atherton & Fanny Ardant à Gaveau



C’était vendredi 30 Novembre , salle Gaveau.
L’immense violoncelliste Sonia Wieder Atherton , lauréate du concours Rostropovitch, et ses musiciens interprétaient des « Chants d'Est ».
Féline et habitée, les cheveux en bataille, « le regard chaviré, comme tourné vers le ciel du dedans »,  Sonia Wieder Atherton affirme, au travers des compositeurs qu'elle interprète, « avoir exploré ce que signifiait dans l'empire austro-hongrois s'accrocher à sa langue pour ne pas perdre son identité » .
Puis elle enchaîna avec des « Chants juifs », qui sont eux aussi « des interrogations sur le temps, la mémoire, la transmission ».


A ses côtés, il y avait l’incandescente Fanny Ardant , celle dont Truffaut disait  : « … j’ai reconnu en elle la vitalité, l’enthousiasme, l’humour, l’intensité mais aussi le goût secret, un côté farouche, un soupçon de sauvagerie, et, par–dessus tout, quelque chose de vibrant ».
Entre deux morceaux, l’interprète par excellence de femmes amoureuses et insondables,  prêta sa voix aux textes de la poète russe marina Tsvetaieva.
Il était presque 22 heures ,  lorsque Fanny Ardant récita Le cheval noir de Joseph Brodsky, et ce fut un instant de frisson.



Le cheval noir

Je vis un cheval pâle...

Le grand ciel noir était plus pâle que ces jambes,

avec l'obscurité il ne pouvait se fondre.
C'était le soir où près de notre feu
un cheval noir apparut à nos yeux.

Je n'ai pas de souvenir de noir plus sombre.

Plus noires que charbon étaient ses jambes.
Il était noir comme la nuit, comme le vide.
Il était noir de la crinière au fouet.
Mais c'est d'un autre noir, déjà, qu'était
son dos qui ignorait la selle.
Il restait sans bouger. Endormi, semblait-il.
Et la noirceur de ses sabots était terrible.

Il était noir, inaccessible à l'ombre.

Si noir, qu'il ne pouvait être plus sombre.
Aussi noir que l'est la nuit noire à minuit.
Aussi noir que l'est le dedans d'une aiguille.
Aussi noir que sont les futaies les plus hautes.
Comme dans la poitrine l'espace entre les côtes.
Comme le trou sous terre où se cache le grain.
À l'intérieur de nous c'est noir, je le crois bien.

Et pourtant oui, il devenait plus sombre !

Il n'était que minuit à notre montre.
Il était là, sans s'avancer d'un pas.
Sous son ventre régnaient des ténèbres insondables.
Son dos déjà disparaissait.
Plus rien de clair ne restait.
Ses yeux luisaient en blanc, comme une chiquenaude.
Sa prunelle en était plus effrayante encore.

Il était comme un négatif.

Pourquoi avait-il donc, suspendant son pas vif,
décidé de rester parmi nous si longtemps ?
Sans s'éloigner de notre feu de camp ?
Pourquoi respirait-il cet air si noir,
faisant craquer les branches sous son poids ?
Pourquoi ce rayon noir qu'il faisait ruisseler ?

Parmi nous tous, il se cherchait un cavalier.


(Joseph Brodsky)

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