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a très bientôt
cordialement
Guy Jacquemelle

mardi 28 décembre 2010

Très belle année - Happy new Year - 新年快樂 - كل عام وأنتم بخير


Je vous souhaite ainsi qu’à tous vos proches une très belle année 2011 : qu’elle soit douce et souriante …

A bientôt

Guy

dimanche 7 novembre 2010

Romy a-t-elle jamais été aussi belle ?

J'ai revu Romy Schneider et Alain Delon dans La Piscine.

Deux amants en plein soleil, deux fauves superbes «qui se guettent, se toisent, se caressent et se griffent au bord d'une piscine».

Drame absolu de la jalousie.

Romy a-t-elle jamais été aussi belle ?


mardi 19 octobre 2010

Sarah vous bouleversera

Avant d’être un film, Elle s’appelait Sarah est d’abord un inoubliable roman.

Tatiana de Rosnay le publia en mars 2007. Si ce livre a changé sa vie (il est paru dans 33 éditions, a été vendu à plus de trois millions d’exemplaires) et a fait de Tatiana de Rosnay (Éditions Héloïse d’Ormesson) la romancière française la plus lue dans le monde, il a aussi marqué à jamais des millions de lectrices et de lecteurs qui ont noué avec son auteure une relation très personnelle et très interactive sur Facebook et Twitter.

C’est dire si la sortie de ce film était attendue.

Julia Jarmond, journaliste américaine installée en France depuis vingt ans, enquête sur la douloureuse rafle du Vel d'Hiv.

Lors de ses interviews et de ses recherches, son chemin croise celui de Sarah, une petite fille qui avait 10 ans en juillet 1942. Ce qui n'était que le sujet d'un article devient alors, pour Julia, un enjeu personnel, dévoilant un mystère familial.

Leurs deux destins, à soixante ans de distance, vont s’entrecroiser et révéler un secret qui bouleversera à jamais la vie de la journaliste et de ses proches.


Porté par une Kristin Scott Thomas éblouissante et juste et par l’étonnante Mélusine Mayance (inoubliable Sarah), le film de Gilles Paquet-Brenner allie l’émotion et la sobriété.

J’ai été bouleversé et ébloui par ce film. Courrez-y vite !


En savoir plus :

Elle s'appelait Sarah de Tatiana de Rosnay sur aLaLettre

dimanche 12 septembre 2010

Jean Isnard à Saint-Germain des Prés


A l’occasion des 30 ans de Shiseido France, six artistes ont été sélectionnés pour créer six URBAN ART BOX : installations de créations libres sur le thème de la beauté présentées du 22 septembre au 10 octobre 2010 sous des cubes de plexi géants place Saint-Germain des Prés.

Chaque visiteur sera invité à élire l'URBAN ART BOX de son choix. L'artiste vainqueur sera convié par Shiseido à installer une nouvelle oeuvre à Tokyo!

Les artistes sélectionnés

- Jean Isnard, designer - Clair obscur - « Mues », parures de corps abandonnées conçues en 3D.

- Pauline Angotti, vidéaste et créatrice - Miroir de l'âme - harmonie des boutons de fleurs de pruniers.

- Isadora Chen, plasticienne - Sublimation - entre cabinet de curiosité et pulsion frénétique.

- Hélène Launois, artiste multimédia - Narcisse - paysage électrique urbain.

- Eric Le Maire, concepteur et graphiste - 2ème sens - série « Postures », sentir, toucher, introduire...

- Emmanuel Lesgourgues, scénographe et designer - Corps - métamorphose de perles.


J’ai eu la chance de croiser il y a une vingtaine d’années Jean Isnard et d'être devenu l'un de ses amis. C’est dire si je suis heureux et fier d’aller admirer son travail dans ce quartier mythique.

Infos Pratiques

Du 22 septembre au 10 octobre 2010 à Saint-Germain des Prés

Entrée gratuite, tous les jours de 10h à 19h

Hôtel de l'Industrie
4 place Saint-Germain des Prés
Paris 6ème

En savoir plus:

Sortir à Paris


mardi 24 août 2010

L’Entrevue de Saint-Cloud : Royale !


Fermez les yeux et imaginez ! Nous sommes le 3 juillet 1790.

La reine Marie-Antoinette daigne enfin rencontrer, en secret, Mirabeau dans les jardins de son château de Saint Cloud.

Dans quelques minutes elle sera face à ce « monstre » dont elle a dit un jour : « Nous ne serons jamais assez malheureux, je pense, pour être réduits à la pénible extrémité de recourir à Mirabeau ».

Mais les temps ont changé, la colère gronde et le couple royal est en péril. La reine peut-elle avoir confiance en ce comte libertin, élu du tiers état, qui affirme vouloir sauver la monarchie ?

Magnifique idée de l’auteur du Reniement de Tréboc et d’Un Hiver avec Baudelaire que de nous inviter à cette Entrevue de Saint-Cloud. Sous sa plume élégante et précise, deux mondes s’affrontent : le passé et l’avenir, la monarchie et la Révolution, un désenchantement nostalgique et une ambition stupéfiante.

Ses deux personnages ont leur mystère, leurs blessures, leur complexité. Echanges brillants et haletants dans lesquels Mirabeau, le visionnaire, utilise tout son talent pour convaincre la reine de se rallier à ses idées … Mais il suffit parfois d’un geste ou d’un mot pour que tout s’écroule. Harold Cobert en est persuadé : si ces deux-là étaient parvenus à s’entendre, l’Histoire aurait pu s’écrire autrement

Nous le savions : Harold Cobert possède un rare talent pour conter de belles histoires. Avec l’Entrevue de Saint-Cloud il réveille, devant nos yeux éblouis, l’Histoire et c’est royal !

Ne passez pas à côté de ce bijou !

jeudi 22 juillet 2010

Harold Cobert : Mirabeau , ce géant !


Dans l’Entrevue de Saint-Cloud qui paraitra le 26 août, Harold Cobert évoque avec élégance et brio la rencontre secrète qui eut lieu le 3 juillet 1790 entre Mirabeau, grande figure de la révolution, et Marie Antoinette, souveraine insouciante et impopulaire. Étonnante rencontre qui aurait pu changer l’Histoire …

Nous nous sommes retrouvés un soir de Juillet, Boulevard Saint-Germain, au pied de la statue de Danton. Rencontre avec le brillant auteur d’Un Hiver avec Baudelaire qui nous fait partager sa passion pour Mirabeau et cette période unique de l’Histoire de France.
















Harold Cobert
Photo: Sandrine Roudeix



L’Entrevue de Saint-Cloud relate l’entrevue secrète de Mirabeau et Marie Antoinette qui a lieu le 3 juillet 1790. Quel est dans ce récit la part de réalité historique et la part de romanesque ?

Cette rencontre a réellement eu lieu. C’est attesté. Il y a juste un doute pour savoir s’ils se sont vus tous les deux dans les jardins du Château de Saint-Cloud, ou si c’était en présence du roi dans leurs appartements de Saint-Cloud. Plusieurs spécialistes débattent encore du sujet, mais la majorité pense que Mirabeau et Marie Antoinette étaient seuls dans les jardins. Je suis de leur avis car Mirabeau était convaincu qu’il fallait qu’il parle à la reine et que c’est elle qui allait ensuite pouvoir convaincre Louis XVI.

Mais il n’existe aucun témoignage sur la teneur de cette rencontre. Tous les dialogues de L’Entrevue de Saint-Cloud sont donc du domaine du romanesque.

Rien ne nous dit que c’est ce qu’ils se sont dits, mais rien ne nous dit le contraire : si ce n’est pas vrai, ça reste vraisemblable.

Ayant beaucoup travaillé sur Mirabeau, je me suis inspiré de ses nombreux écrits et des lettres antérieures ou postérieures à cette rencontre. J’ai également beaucoup lu sur Marie-Antoinette, notamment l’excellente biographie de Stephen Zweig, qui m’a permis de mieux cerner la psychologie de cette souveraine et l’état d’esprit dans lequel elle se trouvait à cette époque.


L'Entrevue de Saint-Cloud - Harold Cobert ( Editions Héloïse d'Ormesson)

En librairie dès le 26 Août 2010

Comment est née l’idée de ce livre ?

Mirabeau, j’ai commencé à le pratiquer à l’âge de 22 ans et je l’ai toujours gardé avec moi. Je le connais tellement bien que je parle avec lui, et que parfois, dans certaines situations, je me demande comment il aurait réagi. Il y a aussi son côté visionnaire qui me fascine. J’ai également éprouvé le besoin d’aller visiter sa prison à Pontarlier. Il a une vie qui me parle et que je comprends très bien…

L’idée de son face à face avec Marie-Antoinette m’a fasciné. Une entrevue dont on sait si peu de choses. Ça m’a plu d’explorer ces zones d’ombres et d’incertitudes de l’histoire. Ça permet au romancier de donner vie à des personnages hors du commun, de se glisser dans leur corps, dans leur esprit et par le biais de la fiction, de révéler leur vérité intime; ou du moins ce que j’en crois !


Mirabeau justement, comment s’est faite cette rencontre ?

Ma rencontre avec Mirabeau remonte à ma Maitrise (il n’y avait pas encore les masters). En fin de licence de lettres, je souhaitais travailler sur le 18ème siècle. Danton, le film de Wajda, m’avait beaucoup marqué et j’étais fasciné par la Révolution française.

J’ai écrit une lettre aux deux professeurs qui dirigeaient ce département-là leur indiquant que je souhaitais faire un mémoire sur tous les discours de Danton et de Robespierre. Je voulais faire apparaitre une opposition intellectuelle entre les deux, comme celle qui existe entre Rousseau et Montesquieu ou Rousseau et Voltaire

Ils m’ont dit : « Jeune homme vous êtes complètement fou ! Vous n’aurez pas assez de toute une vie pour faire ça. En revanche nous vous donnons le Tome 1 des Orateurs de la Constituante (publié dans la Pléiade). Lisez le et voyez s’il y a un orateur qui vous plait ».

C’est ainsi que j’ai découvert les discours de Mirabeau et surtout sa notice biographique rédigée par François Furet. Elle ne fait qu’une page et demie. Mais quel destin ! Je me suis dit : cet homme a eu une vie fabuleuse, il me plait. C’est comme ça que je l’ai choisi. J’ai ensuite fait ma maitrise et ma thèse sur lui.



Mirabeau répondant au marquis de Dreux-Brézé dans la séance du 23 juin 1789



Pouvez-vous nous présenter Mirabeau ? Qui est-il ?

Mirabeau est un être inclassable qui a une vie absolument rocambolesque. C’est une sorte de Cyrano du 18ème siècle mais un Cyrano qui « consomme ». Il adore ça.

C’est un libertin au sens noble du terme. Aujourd’hui quand on parle de libertin, on pense aux Chandelles et aux clubs échangistes. Or, les premiers vrais libertins au 16ème et 17ème siècle étaient avant tout des libres-penseurs qui s’opposaient à l’obscurantisme religieux et aux dogmes. Ensuite, le concept s’est étendu à la liberté intellectuelle et à la liberté des mœurs. Mirabeau lui, était à la fois pour la liberté de penser et pour la liberté sexuelle.

Comte libertin, journaliste, agent secret, diplomate, conseiller secret du roi, brillant orateur : toutes les facettes de Mirabeau n’en forment en réalité qu’une seule. Il se bat pour une seule et même idée : la monarchie constitutionnelle. Il existe une édition (publiée par Guy Chaussinand-Nogaret) qui compare les discours que Mirabeau a prononcés à L’Assemblée et les lettres secrètes qu’il écrivait en même temps au roi. Il voulait vérifier si Mirabeau avait ou non un double discours. Et en fait on se rend compte qu’à l’Assemblée, Mirabeau est l’avocat du roi et face au roi il est le procureur de la révolution. C’est le même discours. Il n’y a pas un iota qui change. Il ne ment à personne. C’est sa conduite qui peut sembler trouble parce qu’étant conseiller secret du roi, il ne peut pas agir en plein jour.

A cette période, il n’y a pas encore de parti politique, mais il y a des groupes : les montagnards, les Girondins, le groupe du Clergé, l’Aristocratie, les Feuillants… Lui reste un homme libre et change d’alliance en fonction des enjeux : il est capable de s’associer un jour aux monarchistes, puis un autre aux jacobins. Ce qui compte pour lui c’est de faire triompher ses idées.


Pourquoi Mirabeau est-il beaucoup moins populaire que Robespierre ou Danton ?

Ce qui jette le discrédit sur Mirabeau, c’est la vie dissolue qu’il a eue avant la Révolution. Sans doute est-ce à cause de sa réputation sulfureuse et de ses nombreux séjours en prison (dettes, ouvrages pornographiques, conflit avec son père …) qu’il est devenu injustement un des grands oubliés de l‘Histoire de France.

Tout s’est joué, selon moi, à la fin du 19e siècle. Après la Révolution, la France a connu le Directoire, l’Empire, la Restauration, Charles X, la Deuxième République, Napoléon III… Quand la République revient enfin, en 1880, l’école devient laïque, libre et obligatoire. On se dit : il va falloir élever les jeunes pousses dans le culte de la Révolution française.

La Révolution fait table rase du passé. Elle est son propre événement fondateur. Elle crée sa propre mythologie avec ses propres figures, ses valeurs, ses grands combats (Le serment du Jeu de Paume, la Bastille, la nuit du 4 août, …) Pour élever les jeunes pousses dans le culte de la République, il a fallu trouver des figures emblématiques. On a choisi Robespierre. Certes il avait coupé beaucoup de têtes mais c’était un homme droit. Et on a insisté sur son opposition avec Danton qui, lui, était plus corrompu que Mirabeau. Il faut quand même reconnaître à Danton, qu’il est mort avec panache. Il a fait une grande plaidoirie devant le tribunal révolutionnaire et a eu cette dernière phrase avant de mourir : « Tu montreras ma tête au peuple, elle en vaut la peine »

Mirabeau, un homme à femmes, emprisonné de nombreuses fois, qui a écrit des ouvrages pornographiques, qui a été conseiller secret du roi, donnant ainsi l’impression de jouer un double jeu, n’est pas un véritable exemple de vertu pour les jeunes citoyens. L’objectif est de leur apprendre à aimer la République et à obéir. Mirabeau n’a jamais obéi. Il s’est rebellé tout le temps. On ne forme pas de bons citoyens avec un tel exemple : trop trouble, trop sulfureux, trop libre. On en a parlé de moins en moins. Les programmes pédagogiques se sont construits sans lui. De temps en temps, nous sommes quelques hérétiques pour essayer de ressortir Mirabeau de l’oubli. Mon rêve serait qu’avec L’Entrevue on puisse reparler un peu de lui.

Ce qui est étonnant c’est qu’il fut le premier à entrer au Panthéon avec les honneurs de la nation (son corps y fut transporté en grande pompe 2 jours après sa mort). Puis après l’exécution de Louis XVI, on a ouvert la célèbre armoire de fer qui contenait tous les papiers secrets du roi. On a découvert toutes les lettres que Mirabeau avait écrites au monarque. On l’a déclaré traitre à la nation pour avoir joué double jeu. La Convention décida d'exclure sa dépouille du Panthéon, ce qui fut fait le 21 septembre 1794. Elle y fut remplacée par celle de Marat. Les restes de Mirabeau furent alors inhumés de manière anonyme au cimetière de Clamart. Ironie de l’Histoire, Marat subira le même sort l’année suivante. A ma connaissance, ce sont les deux seuls à qui ce soit arrivé.


Pourquoi Mirabeau est-il un des plus grands orateurs de son époque ?

A cette époque là, c’était surtout une question de physique et d’organe. Il était grand, il avait du coffre, il parlait fort, sa voix portait énormément. C’est un grand avantage qu’il avait sur beaucoup d’orateurs et qui lui permettait de prendre l’ascendant sur eux. A l’inverse, Robespierre avait un tout petit filet de voix. La stratégie pour Robespierre était donc inverse. Il obligeait ses auditeurs à se taire afin de pouvoir l’écouter.

Mais dans la thèse que j’ai faite sur lui, j’ai également développé un autre argument. Si Mirabeau est un si grand orateur, c’est parce qu’il a écrit des livres pornographiques.

La littérature pornographique, en effet, a pour but de créer un effet physique sur ses lectrices et ses lecteurs. En lisant de tels ouvrages, les femmes se pâment et les hommes ont des réactions physiques qu’ils peuvent difficilement contrôler.

La littérature pornographique ne veut pas juste influer sur le comportement du lecteur, elle veut aussi créer chez lui un effet physique immédiat. Il existe des stratégies narratives, des stratégies d’écriture, et de mise en scène… pour créer ça.

Un orateur qui, à l’Assemblée, est capable de créer un effet physique sur son auditoire peut l’influencer à son avantage. Sans doute Mirabeau n’était-il pas conscient de ce pouvoir, mais le fait d’avoir écrit beaucoup d’ouvrages pornographiques l’a aidé à captiver l’Assemblée. Il maitrisait, inconsciemment, les messages subliminaux, les codes oratoires…

Ce qui est fascinant chez Mirabeau, c’est qu’il n’écrivait pas tous ses discours, mais il y ajoutait toujours sa griffe avant de les lire. Il y ajoutait du rythme, du souffle... Quand on lit des discours qu’il a écrits ou retravaillés, on entend le son. Mirabeau avait déjà tout compris. C’est en cela qu’il est très moderne.


Dans L’Entrevue de Saint-Cloud, Mirabeau se retrouve face à Marie-Antoinette. Quel portrait feriez-vous d’elle ?

Pour ce livre, j’ai beaucoup lu sur Marie-Antoinette, mais mon ouvrage de référence reste la biographie que Stephen Zweig lui a consacrée. Il a magnifiquement cerné sa psychologie.

Il y évoque d’ailleurs brièvement cette entrevue, en précisant qu’on ne peut pas se fier au témoignage de sa première dame de compagnie lorsqu’elle mentionne les premières phrases qu’ils auraient échangées en début d’entretien.

Pour moi, Marie-Antoinette, c’est une Lady Di qui serait née noble. Elle est de sang royal, et à la différence de la princesse anglaise, elle n’a donc pas eu à se battre sur ce front-là.

Ce qui me fascine chez elle, c’est qu’elle est tout le temps à contre temps. Au moment où il faudrait qu’elle se soit reine, elle se comporte comme une gamine, elle joue, elle va dans les bals. Elle n’a cure de creuser le déficit de l’Etat. Il y a eu beaucoup de pamphlets contre elle (Chantal Thomas, Marie Antoinette et les pamphlets, Points, 2003). Elle y apparaît comme une « reine scélérate », une « archi-tigresse d'Autriche » ; ces pamphlets la firent passer pour une prostituée, une nymphomane, un monstre ; ce qui est injuste. Ce n’est pas la reine dévergondée qu’on a voulu faire croire, car je pense, comme Stephen Zweig, qu’elle n’a eu qu’un seul amant : Axel de Fersen.

Mais cette vie à contretemps lui sera fatale : quand arrive la Révolution, elle se décide enfin à agir en reine, mais c’est trop tard. Elle devient reine de France à une époque où il aurait fallu qu’elle soit reine des français.

C’était l’un des conseils que lui répétait Mirabeau : Faites du cheval, montrez vous, rapprochez vous du peuple, allez visiter les hospices, les hôpitaux et les lépreux … Mais Marie Antoinette détestait tout ça et ne suivra jamais ses conseils.

Elle garde cependant une place particulière dans la mémoire collective des français, car elle s’est montrée très digne lors de son procès et de son exécution.

Les succès du livre de Stephen Zweig et du film de Sofia Coppola montrent qu’on a un rapport très ambigu avec Marie Antoinette. Quand Robert Hossein avait crée le spectacle «Je m’appelle Marie-Antoinette » en 1993, il demandait chaque soir au public de voter. Et je crois bien que, chaque soir, elle était acquittée.


Marie Antoinette : Portrait d' Elisabeth Vigée-Lebrun


Ces deux personnages ont leur mystère, leurs secrets, leur complexité. Comment avez vous bâti cette alchimie entre eux deux ?

C’est tout le bonheur de l’écriture. Mon premier objectif était de permettre à tous, qu’ils soient passionnés par la Révolution ou qu’ils la connaissent peu, de pouvoir découvrir ce récit. J’ai voulu faire de Mirabeau et de Marie-Antoinette deux personnages de roman. Je suis resté très proche d’eux et j’ai souhaité donner les principales clés au lecteur, au travers de quelques flashbacks, pour lui permettre de comprendre leurs comportements et réactions.

Il y aussi l’horloge qui a un rôle important, car Mirabeau sait qu’il est en danger…

Enfin il y a ce que disent les personnages et leur attitude. Il suffit parfois d’un mot ou d’un geste pour tout faire basculer …



Exécution de Marie-Antoinette le le 16 octobre 1793

Ce qui est très émouvant, à la fin du livre, ce sont les dernières pensées de vos deux personnages (Mirabeau sur son lit de mort et Marie-Antoinette guillotinée le 16 octobre 1793). Cette entrevue aurait-elle pu changer l’Histoire ?

De mon point de vue totalement. Mais Mirabeau est mort neuf mois plus tard (le 2 avril 1791). François Furet disait que si Mirabeau n’était pas mort si jeune, l’Histoire se serait sans doute déroulée autrement. Il était le seul à pouvoir faire barrage à Robespierre. Sa mort a ouvert un boulevard à ses adversaires. Je pense aussi que si Marie-Antoinette avait appliqué les conseils de Mirabeau, nous serions peut-être encore aujourd’hui sous une Monarchie comme en Angleterre.

Pendant les neuf mois qui se sont écoulés entre cette rencontre et sa mort, Mirabeau a continué à donner des conseils au roi et à la reine. Mais hélas il était peu suivi. Au mieux le roi ne l’écoutait pas, au pire il faisait le contraire de ce qu’il lui conseillait de faire. Mirabeau a pourtant continué de se battre et a fait adopter des lois favorables à la vision qu’il avait de la monarchie.

Sur la fin de sa vie, il fait penser à Don Quichotte, ou même à Cyrano qui se bat contre ses vieux ennemis. Il n’a plus aucune illusion et se dit : « c’est bien plus beau lorsque c’est inutile ». Mirabeau est resté fidèle à ses convictions jusqu’au bout.

Avant de mourir, il pense au roi et a cette phrase : « J'emporte dans mon cœur le deuil de la monarchie dont les débris vont devenir la proie des factieux ».

A la mort de Mirabeau certains ont voulu faire une autopsie car il y avait des soupçons d’empoisonnement. Mais le tribun avait exigé que, quelque soit le résultat, on ne dise rien. Il savait que s’il avait été empoisonné on allait accuser la cour et il ne voulait pas nuire au roi.

Puis il a fait ce vœu, en pensant au roi et à la reine : « Pourvu qu’ils viennent à mon enterrement et que ça leur serve». Ils n’en firent rien.

On a retrouvé dans une de ses lettres le plan de fuite qu’il avait imaginé pour le couple royal, Il leur conseillait de fuir vers l’Ouest, dans une région favorable à la monarchie, en plein jour devant tout le monde. Il avait également prévu un plan pour influencer la presse et imaginé que l’Assemblée puisse demander au roi de revenir à Paris. Son idée était de créer une guerre civile pour que le roi rétablisse l’ordre. Il avait tout imaginé pour sauver la monarchie.

Le roi n’a pas suivi son conseil. Le 21 juin 1991, moins de trois mois après la mort de Mirabeau, Louis XVI a fui en secret vers l’Est. Il a été arrêté à Varennes

C’est Fersen (l’amant de Marie-Antoinette) qui avait organisé cette fuite et il a pêché par excès d’amour en voulant que la reine voyage dans de bonnes conditions. Il a accumulé les erreurs et a entrainé la chute de celle qu’il voulait sauver. Le retour de Varennes a duré 3 jours. Il a été humiliant. Puis ce fut une spirale fatale jusqu’à la condamnation à mort du roi et de la reine.


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dimanche 13 juin 2010

When you're strange : un témoignage unique sur l'aventure des Doors


Cela fait près de quarante ans que Jim Morrison a tiré sa révérence (3 juillet 1971).

Il est mort à 27 ans, comme Janis Joplin et Jimmy Hendrix.

When you're strange retrace l'aventure météorique des Doors (fondé en juillet 1965 à Los Angeles, Californie et dissous en 1973, deux ans après la mort de son chanteur mythique).

Le documentaire de Tom DiCillo nous entraîne dans un récit haletant et constitue un témoignage unique sur l'aventure de ce quatuor de légende : Jim Morrison, Ray Manzarek, organiste, Robbie Krieger, guitariste et John Densmore, batteur.

La voix off de Johnny Depp, narrateur du film, accompagne parfaitement les fulgurances géniales et les séquences cultes de ce groupe unique ; et quel bonheur de réentendre This is the end, light my fire , Riders on the Storm, Break on Through...

"Quand nous répétions dans un garage, rappelle John Densmore, le batteur du Groupe, Jim a proposé de partager tous les droits d'auteur en quatre, quelle que soit la contribution de chacun à telle ou telle chanson. La contrepartie était que chacun d'entre nous avait un droit de veto."

Jim Morisson s'était toujours opposé à l'utilisation de leurs chansons dans la publicité. John Densmore a repris le flambeau et a refusé l’offre de 1,5 million de dollars que leur offrait Apple en 2002 pour un extrait de When the Music's Over.

mercredi 2 juin 2010

Le tisserand du rêve

Michel Baranger, l’auteur de "Sur les chemins du Grand Meaulnes avec Alain-Fournier" est l’un des grands spécialistes d'Alain-Fournier et de ce roman qui me fascine depuis l’adolescence.

Nous nous sommes rencontrés cette semaine pour travailler sur le futur du site legrandmeaulnes.com. Voici le texte qu’il m’a envoyé depuis.









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L’autre soir, alors que nous réfléchissions, Guy et moi, au plan de refonte du site qu’il a naguère créé www.legrandmeaulnes.com, il me dit « Je pense que nous allons utiliser l’éditeur de site « Dreamweaver ».

L’amateur de mots que je suis s’interroge : quelle peut bien être l’origine de ce terme informatique ? Guy ne sait pas trop ; pour moi, je connais bien sûr sa première partie : dream, à travers l’immortel discours de Martin Luther King devant le Lincoln Memorial « Je fais un rêve » ; mais weaver ne dit rien pour l’instant à ma très fruste culture british.

Rentrant chez moi, je me précipite sur un dictionnaire to weave signifie « tisser » ou « tresser » : un weaver, c’est donc un « tisserand ». Du coup, me voilà transporté de la Seine à la Loire, jusqu’à La Charité, où vient de s’achever dans l’allégresse le sixième Festival du mot… La Charité, où Alain-Fournier descendit souvent à bicyclette, avec ses amis, de son Pays Fort natal.

« En rêve seulement, j’avais connu jusque là course aussi charmante, aussi légère… C’était le chemin du pays de Meaulnes que je buvais ainsi ».

Que cet enthousiaste cycliste, messager de grande nouvelle, eut été comblé de voir son cher roman véhiculé bientôt par ce dreamweaver, ce « tisserand du rêve » jusqu’à l’ordinateur de « ces inconnus admirables de qui l’on veut être aimé » ! Car le jeune romancier de 1913 n’a-t-il pas, tout comme Stendhal et Flaubert, comme Mauriac ou Saint-Ex, cent fois remis sur le métier son ouvrage

dont il voulait faire « un perpétuel va-et-vient insensible du rêve à la réalité, ‘Rêve’ entendu comme l’immense et imprécise vie enfantine planant au-dessus de l’autre et sans cesse mise en rumeur par les échos de l’autre » : un canevas devenu chef-d’œuvre.

Michel Baranger

lundi 24 mai 2010

Copie Conforme d’Abbas Kiarostami : beau et déroutant !


Les ruelles de Lucignano et la magnifique campagne toscane, une mise en scène fluide tout en longs plans-séquences et jeux de miroir, Copie conforme le nouveau film d’Abbas Kiarostami est à la fois beau et déroutant, limpide et énigmatique.

Un écrivain anglais et une galeriste française se rencontrent en Toscane. Se connaissent-ils ? Sont-ils mariés ou amants ? Ce qui les unit, ou pas, nous échappe.

Copie conforme débute par une discussion sur le vrai et le faux . Mais au détour d’un café, suite à un appel téléphonique et au commentaire de la patronne, les rôles changent …

Abbas Kiarostami nous offre une ballade douce et amère aux pays des faux–semblants et des illusions presque perdues. Juliette Binoche, aérienne et sensuelle y est rayonnante, Et William Shimell, le célèbre baryton anglais qui a délaissé le temps d’un premier film, les planches de la Scala et de l’Opéra Bastille, est convaincant en écrivain-conférencier mystérieux.

« Ce couple est indescriptible, innommable et indicible affirme Kiarostami. C'est ce qui fait tout le tragique de l'existence et de la relation amoureuse ».

A la fin du film, les cloches sonnent. Les deux personnages sont-ils un vrai couple ou une "copie conforme" ?

Juliette Binoche a obtenu le prix d'interprétation féminine pour son rôle dans Copie conforme lors du du 63ème Festival de Cannes (Dimanche 23 mai 2010)

jeudi 20 mai 2010

L’entrevue de Saint-Cloud : le nouveau roman d’Harold Cobert

Un Hiver avec Baudelaire , son précédent roman nous avait bouleversés.

Ce spécialiste de Mirabeau, féru d’histoire et maniant avec brio l'art du dialogue, nous revient en Aout 2010 avec L’entrevue de Saint-Cloud , un récit mettant justement en scène celui qui était à la fois comte libertin, journaliste, agent secret, diplomate, et homme politique …


Eté 1790, la monarchie vacille.

Le 3 Juillet 1790, Mirabeau obtient ce qu’il souhaitait depuis si longtemps : une entrevue privée avec Marie-Antoinette. Cette rencontre a lieu dans un pavillon du parc de Saint-Cloud. Mirabeau s’enivre des regards et de l’attention de cette reine belle et hautaine qui longtemps s’est tenue éloignée de lui ...

Nul doute qu’Harold Cobert saura faire revivre avec brio et éloquence cette rencontre secrète qui aurait pu changer l’Histoire !

Je vous en reparlerai d'ici le 26 Août .

L’entrevue de Saint-Cloud d’Harold Cobert (Editions Héloïse d'Ormesson) . En librairie le 26 Août 2010

mardi 27 avril 2010

Mélanie Laurent et Jérome Kircher : L’amour fou


Jérome Kircher a joué Lorenzaccio dans la Cour d’honneur du Palais des Papes d’Avignon et le Prince de Machiavel. Il a travaillé avec Patrice Chereau et Jean-Pierre Vincent . Ses professeurs avaient pour nom : Michel Bouquet et Gérard Desarthe. Sur scène, il a une voix envoûtante, une présence féline, un charisme magnétique.

Mélanie Laurent est l’inoubliable Lili de Je vais bien, ne t’en fais pas (film de Philippe Lioret d’après le roman d’Olivier Adam) qui lui valut le prix Romy Schneider et le César du meilleur espoir. Elle vient de vivre une année folle : héroïne de Tarantino aux côtés de Brad Pitt dans Inglorious Basterds (sélection officielle du festival de Cannes 2009), violoniste soliste du Concert de Radu Mihaileanu et émouvante infirmière de la Croix rouge dans la Rafle de Roselyne Bosch.

Ils se rencontrent sur les bancs d’une clinique psychiatrique dans Promenade de santé de Nicolas Bedos au Théâtre la Pépinière. Lui est bipolaire et se définit comme «obsessionnel tendance alcoolique et pervers narcissique ». Elle dit être danseuse et rêve d’une grande histoire d’amour.

Pour sa première apparition au théâtre, Mélanie Laurent incarne une Camille indécise et audacieuse, à la fois drôle et touchante qui rêve de s’abandonner dans les bras de ce chevalier servant, sensible et fantaisiste.

Un amour fou sublimé par le magnétisme de Jérôme Kircher et la fragilité de Mélanie Laurent : Un moment de grâce

mercredi 24 mars 2010

Le Voisin de Tatiana de Rosnay : Le masque et la plume


Colombe Barou aurait pu rester une héroïne paisible et effacée, condamnée à vivre dans l’ombre de ceux à qui elle prête sa plume, avec un mari souvent absent, qu’elle attend patiemment et leurs deux adorables jumeaux de 11 ans, Balthazar et Oscar.

D’autant plus que dès le premier chapitre elle visite un bel appartement, calme et ensoleillé, de cent vingt mètres carrés, refait à neuf. Plusieurs locataires sont sur les rangs, mais son charmant sourire et ses vêtements sages parviennent à convaincre le propriétaire de lui louer cette magnifique surface.


La vie de Colombe aurait pu suivre son cours et cet immeuble aurait pu être sans histoire. Mais c’était sans compter sur l’imagination diabolique de Tatiana de Rosnay, sa passion pour les appartements et sa fascinante maîtrise du suspens.

L’auteure de Spirales et de Elle s’appelait Sarah n’a pas son pareil pour nous kidnapper dès les premiers chapitres et nous retenir en otage jusqu’à la dernière page. Impossible d’abandonner ses personnages, ne serait-ce que quelques heures, tant on tremble pour eux.

Colombe est–elle victime d’un voisin machiavélique ou surmenée, succombe-t-elle au syndrome de persécution ? Quel rôle joue Léonard Faucleroy, docteur réputé et apprécié de tous ? L’ambiance devient vite suffocante. On frémit pour cette héroïne finalement si seule. Va-t-elle une fois de plus se résigner ou osera-t-elle affronter le danger ?

Ce roman à couper le souffle m’a fait penser, hasard du calendrier, à l’excellent The Ghost Writer (en salle depuis le 3 mars 2010). Colombe et le héros de Polanski exercent la même profession et sont soumis à l’anonymat. Mais l’aventure dans laquelle ils se retrouvent plongés bien malgré eux les oblige à tomber le masque et à affronter le danger à découvert.


Dans Le Voisin , huis clos angoissant, l’ennemi est tout proche, juste derrière la porte ; un rythme haletant, une écriture fluide et captivante et un final ébouriffant font de ce roman un époustouflant thriller.

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Tatiana de Rosnay sera à la librairie l'Escale Littéraire le mercredi 7 avril 2010 à 19 heures pour le lancement du Voisin (Editions Héloïse d'Ormesson) et de Boomerang ( Livre de Poche)


En savoir plus

L'article d'Elisabeth Robert

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Léonard Faucleroy sur Facebook

Le site officiel de Tatiana de Rosnay


mardi 9 mars 2010

Leonard Faucleroy : Docteur Ange ou Mister Démon ?

Il s’appelle Leonard Faucleroy. C'est un médecin réputé qui a beaucoup de charme. Les gens de son immeuble ne tarissent pas d’éloge à son sujet; même la concierge le trouve formidable.


Il habite l'appartement au dessus de celui de Colombe Barou . Elle vient d’emménager avec Stephane son mari, homme d’affaires, souvent en déplacement, et leurs deux jumeaux de onze ans dans ce bel immeuble très ensoleillé de l’avenue de La Jostellerie à Paris.


Dès que Stéphane est absent, et il l’est souvent, Colombe est réveillée vers 3h17 du matin par les hurlements d’un Mick Jagger déchaîné : Jumping Jack Flash, Angie, Miss you, Sympathy for the Devil, I can’t get no … Colombe en est sûre, cette musique assourdissante vient du voisin du dessus.





La photo de Leonard Faucleroy sur Facebook

Est ce possible que ce médecin respecté de tous la harcèle à ce point ? Léonard Faucleroy est-il machiavélique ou Colombe lui intente-t-elle un mauvais procès ?


Vous le saurez en lisant le Voisin, le nouveau roman de Tatiana de Rosnay, récit terriblement angoissant où la tension monte d’un cran à chaque page.


Le Voisin de Tatiana de Rosnay (EHO), en librairie le 8 avril 2010.


D’ici-là vous pouvez déjà les retrouver sur Internet :


Léonard Faucleroy sur Facebook

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Le site officiel de Tatiana de Rosnay

Tatiana de Rosnay sur Twitter

Interview de Tatiana de Rosnay ( Janvier 2010)