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Guy Jacquemelle

mardi 19 janvier 2010

Tatiana de Rosnay : Twitter et Moleskine

Si c’était une couleur ou un parfum ? Ce serait le Lilas (le prix littéraire dont elle est la vice-présidente). Si c’était un lieu ? La Drôme provençale, une région qu’elle aime tant. Si c’était un prénom ce serait Sarah (son roman, publié dans 33 pays, s’est déjà vendu à plus de 2 millions d’exemplaires, et se classe depuis 13 mois, sans interruption, dans les meilleures ventes du New York Times - 10ème cette semaine -) …

Tatiana de Rosnay est plurielle et l’interviewer est toujours un immense bonheur. Le succès n’a altéré ni sa générosité, ni son enthousiasme. Même si son emploi du temps a de quoi donner le vertige, elle a cette élégance rare d’être ponctuelle. Je l’ai rencontrée vendredi 15 janvier en fin d’après-midi dans un café du Boulevard Montparnasse. Tour à tour enjouée, souriante, mystérieuse ou grave, elle s’est prêtée avec talent et gentillesse au jeu des questions.






Tatiana de Rosnay

Photo Harold Cobert


- Des conférences aux Etats-Unis, puis tu seras en Suisse pour la sortie de Boomerang et ensuite en mars à Berlin, Heidelberg, Dresde … ton année 2010 sera très internationale ?

Oui, 2010 démarre sur les chapeaux de roue. Je pars dans deux semaines à New-York et à Chicago pour des conférences sur Sarah’s Key (Elle s’appelait Sarah) organisées par des book-clubs et des associations juives. J’avais déjà eu l’occasion de le faire en Novembre 2008 pour la sortie du livre. Ce sont des salles de 200 à 300 lectrices et lecteurs. J’évoquerai pendant une heure l’histoire du roman, et ensuite je répondrai aux questions. C’est assez impressionnant, un peu sportif, mais passionnant.

Puis il y aura Zurich, et l’Allemagne pour Boomerang et ensuite en avril la réédition du Voisin et la publication en Livre de Poche de Boomerang. Je ferai beaucoup de salons d’avril jusqu’à début juin.



Couverture de Boomerang (Livre de Poche)

Sortie avril 2010

- Cet été et cet automne a eu lieu le tournage de Elle s’appelait Sarah. Qu’as tu ressenti en découvrant la jeune actrice (Mélusine Mayance) prêter ses traits à Sarah et en assistant au tournage de la rafle du Vel d’Hiv ?

J’ai assisté à deux reprises au tournage. Tout d’abord cet été au Vélodrome Jacques Anquetil dans le bois de Vincennes. C’était bouleversant de voir ces figurants avec leurs vêtements des années quarante et leur étoile jaune. Il y avait au moins 400 personnes : des enfants, des personnes âgées, des parents … Il y avait aussi Mélusine Mayance qui joue Sarah ( elle incarnait Lisa dans Ricky de François Ozon). Je l’ai rencontrée dans sa loge pendant qu’elle était au maquillage. Elle est incroyablement touchante. Elle n’a que 10 ans et pourtant quelle maturité ! Quand je l’ai vue, j’ai eu un choc. Elle correspond complètement à ce que j’avais imaginé pour Sarah. Elle lui ressemble physiquement !

J’ai assisté au tournage d’une scène terrible, celle où les policiers frappent son père. J’étais à ce moment là avec Serge Joncour (le scénariste du film) qui était sur le plateau avec moi. On était en larmes tous les deux. Vraiment ! Tellement elle était juste, émouvante. Elle a complètement investi ce personnage.



Tatiana de Rosnay et Mélusine Mayance

Sur le tournage du Film : Elle s’appelait Sarah


- T’a-t-elle posé des questions sur Sarah ?

A un moment nous étions seules toutes les deux. Nous marchions. Ça faisait sourire les gens qui nous voyaient, car beaucoup avaient lu le livre et me reconnaissaient. Ils étaient médusés de nous voir main dans la main. C’était à la fois le début et la fin de l’histoire.

Je lui ai dit : « tu sais Mélusine, ce livre a changé ma vie. Et toi qui n’a que 10 ans, il va changer la tienne ».

Elle m’a répondu : « Je sais, je suis prête ! » C’était incroyable !

Ses parents étaient là aussi. Ils sont merveilleux. J’ai beaucoup discuté avec eux. Je les ai trouvés très lucides par rapport à leur fille, mais aussi très protecteurs. Ce fut un grand moment.


- As tu gardé d’autres images de ce tournage au Vélodrome ?

Ce qui m’a frappé aussi, c’est l’ampleur de ce décor et la foule des figurants. Je me souviens quand Gilles Paquet Brenner, le réalisateur, m’a proposé de regarder au travers de ses propres écrans de contrôle. Je voyais cette foule, j’étais médusée. Il m’a dit : « Tu vois Tatiana, tous ces gens qui sont là, c’est de ta faute ». C’était bouleversant. Et enfin je garde en mémoire, l’image de Louis et de Charlotte, mes deux enfants. C’était très émouvant de les voir dans des rôles de figurant avec leur étoile jaune.





Charlotte et Louis Jolly-de Rosnay

sur le tournage du Film : Elle s’appelait Sarah



- Il y a aussi Kristin Scott Thomas qui incarne Julia Jarmond. Quelle impression de voir la star du patient Anglais et de Quatre mariages et un enterrement incarner ton héroïne ?

Je l’ai rencontrée fin novembre pour une scène, dans un restaurant, où Julia Jarmond annonce à son mari quelque chose d’important.

L’ambiance était différente. Il y avait moins d’émotion, plus de stress. C’était plus compliqué. La salle de restaurant n’était pas très grande. Dehors il pleuvait. Toute l’équipe était tendue. J’ai pu discuter dix à quinze minutes avec elle. Elle est « so british » et à tomber par terre de beauté. Elle m’a confié qu’elle était très heureuse d’interpréter Julia. En tant qu’Anglaise vivant en France depuis longtemps (elle est d’ailleurs devenue française), elle se sentait très concernée par ce tragique événement. Elle m’a dit qu’elle aurait pu être Julia Jarmond. C’était très impressionnant de la voir jouer ce rôle. Elle a une présence à l’écran étonnante. Elle est magnifique.






Kristin Scott Thomas

sur le tournage du Film : Elle s’appelait Sarah


- Cet automne a aussi été marqué par un épisode pénible, le renouvellement de ton passeport. Ce qui avait toujours été une formalité s’est révélé un cauchemar kafkaïen. Rue 89 y a consacré une longue interview (Tatiana de Rosnay rejoint les radiés de la Nation) et tu as publié un article fin novembre dans le Journal du Dimanche : Moi pas Française ? Quel regard portes-tu sur cette épreuve ?
Ça va faire un mois et demi que j’ai enfin pu obtenir mon passeport. Heureusement j’’ai vu dans la presse que les choses bougeaient. Il y a eu fin décembre, dans le Monde, la tribune de Michka Assayas, qui est dans le même cas que moi, et aussi la Une de Libération. Petit à petit, ça commence à gronder. Il y a des gens connus ou inconnus qui dénoncent cette tracasserie administrative qu’on inflige aux personnes dont les parents sont nés à l’étranger ou qui sont elles même nées à l’étranger.

Ce n’est pas normal que de telles situations existent aujourd’hui. J’ai toujours été française, j’ai toujours eu une carte d’identité et un passeport. C’est anormal qu’on revienne sur une nationalité qui a été donnée et surtout avec des comportements aussi humiliants. Soudain, on t’annonce à la mairie : « Non madame, on ne peut pas faire passer votre demande de renouvellement de passeport, parce qu’il y a un doute sur votre nationalité française ».

C’est très violent à entendre. Je sais que beaucoup de gens souffrent de ça. Il y a en France beaucoup de français nés à l’étranger ou dont les parents sont nés à l’étranger. Je suis heureuse que les gens se réveillent enfin et qu’on en parle dans la presse. Pour moi ça s’est bien terminé mais je connais des personnes qui ne peuvent pas refaire leurs papiers parce qu’elles ne peuvent pas trouver l’acte de naissance de leur grand père ou le certificat de mariage de leurs grands parents. J’ai eu la chance de retrouver tous ces papiers, mais il y a des gens qui n’ont pas cette chance. Je trouve que c’est humiliant de devoir se plier à ça. C’est grave et inquiétant qu’un pays comme la France impose ce genre de contrôle. C’est terrible de devoir prouver sa nationalité. Je l’ai très mal vécu.

Un jour, il y aura certainement un livre qui naîtra de ça. Le sujet est assez romanesque. Je ne sais encore ni comment ni sous quelle forme j’aborderai ce thème, mais je le ferai.

- Revenons maintenant à 2010. 10 ans après sa première publication, le Voisin, ton cinquième roman reparait en avril chez E.H.O ; un passionnant thriller, où Colombe une jeune femme sans histoire est confrontée à un voisin diabolique. Peux tu nous parler de cette « re-naissance » ?

Je suis très contente de voir ressortir ce roman. Il est complètement épuisé depuis dix ans et c’est le livre qui avant Sarah avait été mon plus grand succès .

Je sais que ce livre avait beaucoup plu à mes lecteurs. C’est un thème très populaire. Tout le monde a eu à affronter un horrible voisin. On a tous connu ça.

Je l’ai relu et je l’ai trouvé efficace. J’ai aussi été étonnée par la violence de la fin (j’avais oublié) et par son suspens. En le relisant, je me suis dit : je veux revenir à cette ambiance polar.



Couverture du Voisin ( EHO)

Sortie Avril 2010

Et Colombe, l’héroïne du roman ?

Colombe fait partie de ces héroïnes qui au début sont très « gnangnans », très timides, un peu dans l’ombre.

Elle est nègre dans une maison d’édition. On comprend très vite qu’elle est frustrée d’écrire des romans signés par d’autres, alors qu’elle rêve elle même d’être romancière. Personne ne la prend au sérieux. Sa vie n’est pas palpitante. Sa sœur l’écrase complètement. Son mari n’est pas terrible et il est souvent absent. Elle élève presque seule ses jumeaux…

Finalement elle n’est pas très heureuse. Le fait de déménager et d’arriver dans ce nouvel immeuble, où il y a ce type qui va s’ingénier à l’empêcher de dormir, va totalement bouleverser sa vie.

Elle commence par déposer je ne sais combien de mots dans sa boite aux lettres, puis elle lui téléphone. Enfin elle sonne chez lui, il ne répond toujours pas, elle est à bout. Finalement elle va prendre des risques insensés.

C’était très intéressant de prendre une jeune femme timide, très réservée, très bien élevée, un peu BCBG et de la faire exploser.

Je sais qu’elle a agacé certains de mes lecteurs. Ils m’ont dit : Qu’est ce qu’elle est gourde au début. Mais je leur répondais : Peut-être ? Mais une fois qu’elle démarre, elle fait des choses inouïes que je n’oserais jamais faire. Elle monte chez lui faire plein de bêtises. Un jour il va revenir pendant qu’elle est là. Il y a peu de gens qui oseraient faire ce qu’elle fait. Finalement son voisin va mettre le bazar et ce n’est peut-être pas si mal ?


Il y a aussi Leonard Faucleroy, ce médecin respecté de tous. Il est pourtant un peu bizarre ?

Le personnage de Leonard Faucleroy a été très intéressant à construire parce qu’il est à la fois inquiétant, et en même temps, il est très beau, il a beaucoup de charme. Tous les gens de l’immeuble l’apprécient, la concierge le trouve formidable. C’est un grand médecin, mais il a de terribles fêlures que Colombe va bien évidemment déceler. Un personnage machiavélique qui a beaucoup plu à certaines de mes lectrices. Elles le trouvaient très beau gosse, très séduisant.

Je suis ravie de pouvoir faire renaître Colombe et Leonard Faucleroy. Je trouve qu’ils forment un couple infernal.

C’est un livre qui a attiré pas mal de réalisateurs à l’époque. Je ne perds pas espoir de le voir un jour adapté au cinéma, avec une actrice très belle qu’on ne remarquerait pas trop au début (comme Sandrine Kiberlain ou Chiara Mastroianni). Des actrices capables d’être assez neutres, et qui soudain, lorsqu’elles décident de se mettre en valeur, irradient l’écran. Je les verrais très bien toutes les deux dans ce rôle.



Leonard Faucleroy et Angèle Rouvatier (l’inoubliable thanatopractrice de Boomerang, qui paraît également en Livre de Poche en avril 2010) , quel avenir leur réserves-tu ?

Le personnage de Leonard Faucleroy m’intéresse beaucoup. Je projette d’écrire un nouveau roman où il rencontrerait Angèle.

Je voudrais écrire un polar gothique. Comme elle est thanatopractrice et qu’il est médecin, ils peuvent très bien se croiser. Ce sera un récit très noir avec un suspens épouvantable.

Leonard Faucleroy n’aura pas un grand rôle, mais j’aimerais qu’il fasse la connaissance d’Angèle, une créature libre et imprévisible. C’est mon projet pour le second semestre 2010 et pour 2011.


Mais actuellement tu travailles sur un tout autre sujet ?

Oui je termine un roman où il est question du Paris de Napoléon III, de l’impératrice Eugénie, de l’Exposition Universelle de 1867, avec un thème que mes lecteurs connaissent bien : la mémoire des murs…

C’est le portrait d’une femme de cette époque là. Il y aura du suspens et un secret qu’on découvrira à la fin… Ce roman sortira en France en 2011.


Comment as-tu abordé cette époque ?

J’ai effectué une plongée dans un Paris que je ne connaissais pas. Pour écrire ce livre, j’ai fait trois mois de recherche à la BNF. J’ai découvert l’ambiance un peu sinistre mais terriblement studieuse de la Bibliothèque François Mitterrand. Les gens ont les yeux rivés sur l’écran de leur « ordi » ou dans leurs bouquins.

J’ai aussi relu la plupart des Rougon Macquart, notamment La curée, l’Assommoir, le Bonheur des Dames, Pot Bouille... J'ai relu également Madame Bovary et Baudelaire. Ce sont des livres que j’ai toujours aimés.



Et l’écriture ?

La grande différence, avec mes précédents romans, c’est que j’ai écrit ce livre à la main, (pas sur ordinateur comme je l’avais toujours fait jusque là) parce que je voulais m’imprégner de ce rythme que nous n’avons plus du tout. Aujourd’hui nous sommes dans la communication instantanée (Sms, e-mail, coup de fil…). On arrive à joindre les gens immédiatement. Les informations circulent instantanément, on est au courant de tout, tout de suite …

Au 19ème siècle, pour s’informer, il fallait aller au marché, ou lire les journaux... Pour essayer de retrouver cette lenteur et puisque ce roman est sous une forme épistolaire, j’ai acheté un cahier Moleskine à l’ancienne. Le début a été très étrange, très bizarre. Je n’avais plus l’habitude d’écrire ainsi à la main. Et puis j’ai pris gout à ce rythme lent, qui est propre à beaucoup de romans du 19ème siècle. Que ce soit Zola, Flaubert, ou d’autres, ils s’installent dans de longues descriptions. Zola, par exemple, quand il décrit le repas de mariage de Gervaise et de Coupeau, ça dure vingt pages. Le lecteur découvre ce qu’ils mangent, leurs tenues vestimentaires, les commentaires des invités, l’ambiance de la noce, le temps qu’il fait dehors…

Ce roman a été un peu compliqué à écrire, parce que d’habitude je suis dans l’action, alors que là je suis dans l’introspection et la description. J’espère ne pas désarçonner mes lecteurs avec ça, car c’est un livre très différent de ce que j’ai pu écrire jusqu’ici. Mais c’est un risque que je souhaite prendre, car cette époque est passionnante.

Je salue d’ailleurs mon ami romancier Régis Descott qui a réalisé un travail remarquable avec Obscura, un récit se déroulant en 1880. Le personnage principal, jeune médecin et fils d’un marchand de couleurs, est confronté à de macabres mises en scène inspirées du célèbre tableau de Manet, Le déjeuner sur l'herbe. Maintenant que j’arrive à la fin de mon livre, je salue son talent car je me rends compte que ce n’est pas facile d’écrire sur un autre siècle.


Il y a aussi Le Prix Lilas, dont tu es la vice-présidente ? Que peux-tu nous en dire?

Ce prix sera décerné le 8 avril à la Closerie des Lilas et nous commençons à y travailler. Il récompensera un roman féminin publié entre janvier et début avril 2010.

Cette année, il y aura un très beau jury tournant puisqu’y participeront : Audrey Pulvar, Daphné Roulier, Justine Levy, Clara Dupont-Monod, Julia Kristeva, Anne Consigny, Adelaïde de Clermont Tonnerre, Elisabeth Barillé et Véronique Ovaldé.

Quant au Jury permanent, nous sommes cinq : Emmanuelle de Boysson, Stéphanie Janicot, Jessica Nelson, Carole Chrétiennot et moi.

Nous publierons une première sélection dans quelques jours.


Pour finir, peux tu nous parler de Twitter ? Début janvier le Post qui consacrait un article à ce service, te citait parmi les personnalités à suivre : « Tatiana de Rosnay, auteur lue et traduite dans le monde entier, livre quelques confidences (en français, en anglais) et répond à tous ceux qui (timidement) osent lui poser une question sur ses personnages de roman ou son inspiration ». Que t’apporte ce service ?

Twitter est un moyen extraordinaire pour s’informer et pour véhiculer une information. Je trouve ça beaucoup plus rapide et moins contraignant que Facebook, même si ce dernier est plus rigolo. Twitter est un service que j’utilise essentiellement dans les transports en commun, grâce à mon mobile. J’ai en permanence les dépêches de tous les comptes que je suis ; je me suis également abonnée à tous les news américains et français. Je trouve qu’on apprend l’actualité avant tout le monde. En plus pas mal d’écrivains l’utilisent, ce qui permet d’échanger très facilement avec eux. C’est aussi un moyen très efficace pour dialoguer avec ses lecteurs.


L’entretien a duré presque deux heures, puis Tatiana de Rosnay a remis son beau manteau gris et a marché, avec élégance, entre les tables de la brasserie. Elle a traversé le boulevard du Montparnasse et a disparu.


Pour en savoir plus

Le Blog de Tatiana de Rosnay

Le Blog du Prix Lilas




dimanche 10 janvier 2010

Je rêve que nous sommes des papillons n’ayant à vivre que trois jours d’été.

«I almost wish we were butterflies and liv’d but three summer days — three such days with you I could fill with more delight than fifty common years could ever contain».


«Je rêve que nous sommes des papillons n’ayant à vivre que trois jours d’été -

Avec vous ces trois jours seraient plus plaisants que cinquante années d’une vie ordinaire».


John Keats (1795-1821)





Je me souviens de la Leçon de piano de Jane Campion, de la musique envoûtante de Michael Nyman , de la beauté sauvage de Harvey Keitel et de la sensualité d’Holly Hunter, inoubliable en mélomane solitaire et muette. Et puis il y avait eu, fin des années 90, Portrait de Femme (1996) et Holy Smoke (1999).


Avec Bright Star, la réalisatrice néo-zélandaise signe un film magistral sur la passion de John Keats pour son insolente voisine Fanny Brawne.


Londres, 1818. John Keats , jeune poète anglais de 23 ans (considéré aujourd'hui comme l’un des plus grands poètes romantiques anglais), croise une jeune fille élégante. Il la trouve un peu effrontée. Elle lui avoue d’ailleurs, très spontanément, qu’elle n’est pas impressionnée par sa poésie.


Lui, d’origine modeste, est orphelin , tandis qu’elle est issue d’un milieu plutôt aisé de la banlieue de Londres. Tandis qu’il compose ses poèmes, elle crée et coud d’extravagantes robes et d’étonnants chapeaux.


Une mystérieuse alchimie les attire pourtant. Elle est séduite par sa douceur et sa sensibilité ; lui est conquis par sa fraîcheur et sa liberté d’esprit. Un an plus tard, alors qu’il se trouve en voyage, il lui envoie une dizaine de lettres-poèmes, témoignages d’un amour brûlant.


En octobre 1819, les deux jeunes gens se fiancent en secret, mais le mariage n’est pas envisageable car Keats n’a pas d’argent et ne peut donc espérer épouser Fanny…

Ce très beau film est marqué du double sceau de la lenteur (l’attente par Fanny des lettres de John) et de l’urgence ( John Keats est mort à 25 ans).


Jane Campion décrit magnifiquement la naissance du sentiment amoureux , sa fougue et sa pureté , le bonheur qu’il procure lorsque les doigts se frôlent, et la souffrance de l’absence.


La passion de John pour Fanny reste platonique (quelques chastes baisers) et pourtant chacune de leurs rencontres est d'une étonnante sensualité.


Ce film est aussi un hommage à la poésie de John Keats. Il parvient à restituer sa force dramatique, sa sensualité, sa fulgurance. Quels doux moments ceux où Fanny et John récitent par cœur et ensemble ses poèmes.


On sort de ce film les larmes séchées, la tête dans les nuages et le souffle court.




Bright Star de Jane Campion, avec Abbie Cornish, Ben Whishaw, Paul Schneider


Pour en savoir plus


http://johnkeats.space-blogs.com/

Ne me Keats pas sur Libération

Le Blog de Dude