a très bientôt
cordialement
Guy Jacquemelle
Bienvenue sur ce blog
Pour m'écrire : lasandalerouge@gmail.com
ou vous pouvez poster directement un commentaire suite aux messages ci-dessous.
vendredi 25 février 2011
Rose de Tatiana de Rosnay
Paris, sous le Second Empire. A deux pas de l’Eglise Saint-Germain des Près se situe la rue Childebert.
Rose Bazelet habite seule une vieille bâtisse, haute et carrée. Depuis plus de deux siècles, cette demeure est la fierté de sa belle famille. Rose en a fait la promesse à Armand, son défunt mari : jamais elle n’abandonnera cette maison.
Un jour, elle reçoit une longue enveloppe blanche cachetée d’un épais sceau rouge sang. Une lettre d’expropriation venant de la Préfecture de Paris : le tracé du boulevard St Germain, voulu par le baron Haussmann, passe par la Rue Childebert.
Magnifique récit que ce roman épistolaire de Tatiana de Rosnay. L’auteure de Boomerang nous entraine dans les ruelles, les jardins et sur les places d’un Paris aujourd’hui disparu, une époque où les parisiens prenaient le temps de vivre, croisaient des allumeurs de réverbères, ou des conducteurs de fiacres jouant des coudes avec les charrettes surchargées. Inoubliable moment aussi cette promenade piétonne sur la Seine gelée, prise par les glaces.
C’était également un siècle où le cœur pouvait s'arrêter sans crier gare et l'eau d'une fontaine provoquer un choléra foudroyant.
On y croise des personnages pittoresques et attachants : Alexandrine, la fleuriste qui apprend à Rose l’art des bouquets , monsieur Zamaretti, le libraire qui lui fait découvrir Flaubert, Baudelaire, Zola, ou Balzac, Gilbert un chiffonnier noir de saleté et de suie, mais au cœur généreux. On y rencontre aussi Marville, le photographe ayant immortalisé ces ruelles disparues et même le baron Hausmann, au détour d’un escalier de l’Hôtel de Ville.
Rose est aussi un roman sur l’amour, la solitude, la fidélité, l’amitié, la nostalgie, la passion des lieux, la famille et les non-dits; car chez Tatiana de Rosnay les personnages ont des secrets que les murs savent garder et que les lecteurs rêvent de percer. De lettre en lettre, l'héroïne replonge dans son passé et dévoile peu à peu cette blessure qu'elle n’a jamais osé confier à son mari
Rose, enfin, c’est l’histoire d’une femme, opiniâtre et malicieuse, que l’on aime dès la première page et qui nous entraine dans un suspens insoutenable jusqu’à l’ultime rebondissement de la dernière page.
Quelle magnifique idée de revisiter les travaux d'Hausmann du côté de ceux qui étaient viscéralement attachés à leur appartement ou leur maison, qui ont été méprisés, déplacés , déracinés. Rose raconte le traumatisme de ces travaux trop grands et inhumains. Avec la démolition de leur demeure, ce sont toutes leurs vies qui s’effondrent et leurs souvenirs qui disparaissent.
La prochaine fois que vous flânerez près de Saint-Germain des Près, soyez attentifs. Si vous avez un peu de chance vous y croiserez peut-être Rose une héroïne à jamais liée à ce quartier et que vous n’êtes pas prêt d’oublier.
"Rose" - Tatiana de Rosnay - Editions Héloïse d'Ormesson - 256 p. - 19 euros - en librairie le 3 mars 2011
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire